Qu’est-ce qu'un secrétaire, si ce n’est un bureau de forme compacte, multifonction et aux différents usages, doté d’accessoires, des tiroirs aux compartiments, capables de contenir des objets ? Le secrétaire est un meuble ancien qui fait depuis toujours l’objet de réinterprétation et de recherche de matières et de styles, qui l’ont élevé au rang de véritable meuble de design, sans pour autant renoncer à sa fonction d’origine.
À utiliser comme poste de travail, pour créer un angle dédié au télétravail, ou même comme meuble de rangement seul, le secrétaire moderne joue avec les formes pour proposer des modèles flexibles et polyvalents. Le mélange de matériaux et les accents de couleur sont les caractéristiques les plus fréquentes qui permettent aux secrétaires contemporains d’exploiter au mieux les petits espaces et de meubler, du séjour à la zone nuit, avec des produits à l’esthétisme discret.
Bien que de nos jours, nous n’avons plus coutume d’écrire des lettres ou des documents, le secrétaire est encore un objet qui résiste au temps et aux modes. En effet, surtout en ce qui concerne le secrétaire ancien, de par sa complexité et son caractère reconnaissable, il s’agit souvent d’un trophée pour les passionnés de meubles anciens ; mais il représente aussi un objet convoité à exhiber dans une maison moderne au style contemporain, même seulement du fait qu’il ait été reçu comme héritage, et donc avec une valeur unique qu’est celle du souvenir de famille.
En outre, le secrétaire résiste aux modes car c’est un objet d’ameublement constamment renouvelé et mis au gout du jour et car, même lorsqu'il est ancien, il peut offrir, de manière compacte et fonctionnelle, un coin complet et commode où se consacrer à ce qui a remplacé les anciennes fonctions de lecture des papiers et d’écriture à la main : l’ordinateur, les e-mail et les activités sur le Web.
Le secrétaire joue les protagonistes d’un espace domestique consacré au travail et à l’étude. Les modèles contemporains se renouvellent, avec des formes légères et des combinaisons de matériaux qui contribuent à son aspect, tout en conservant la fonctionnalité typique de cet élément, entre discrétion et transformation.
En effet, de nombreux modèles sont encore actuellement une recherche formelle telle à contenir, dans un unique écrin minimaliste, toutes les fonctions : du plan d’appui pour lire et écrire aux tiroirs et aux tablettes porte-objets de support, en se transformant de meuble discrètement fermé par des portes et abattants en un petit bureau équipé de toutes les fonctions à portée de main.
Cette polyvalence appartient au secrétaire à la fois quand on dispose pour lui de toute une pièce réservée au travail, comme un bureau à la maison, et quand il est presque stratégique, dans les appartements de petites superficies, de le placer dans un coin en s’adaptant à la manière des caméléons, avec désinvolture, au lieu où il est inséré.
En outre, le caractère décidément fonctionnel du secrétaire a concentré dans ce meuble, jusqu’à aujourd’hui, les solutions de design les plus créatives en coordonnant dans des espaces minimalistes ou toujours très optimisés des tiroirs, portes et logements discrets, définissant ainsi certains modèles bien précis et souvent proposés à nouveau dans différents styles, couleurs et dans un grand nombre de matériaux.
Ainsi, les secrétaires avec tiroirs sont placés au-dessus ou en-dessous du plan d’appui et avec différents volumes pour les accessoires variés; les secrétaires rabattables sont caractérisés par des portes et des systèmes permettant de faire pivoter le plan de travail en suivant une rotation droite ou inclinée, ou bien comme un écran qui s’enroule autour d’un cylindre ; ces secrétaires montrent ou cachent au besoin le contenu et les objets personnels, avec une touche de mystère typique du secrétaire. Les secrétaires muraux font partie des modèles les plus innovants : composés de tablettes, ils se transforment au besoin en plans à utiliser comme support pour les activités de bureau. Il existe également des secrétaires avec plan escamotable ou des secrétaires pour PC: dans les deux cas, on remarque que les dimensions sont étudiées pour révéler au besoin un petit plan d’appui, même juste de la dimension du clavier d’un ordinateur, avec une tablette pour y placer également un PC fixe, ou bien assez grand pour accueillir temporairement un ordinateur portable, dans l’esprit de la fonction portable du PC. Bien souvent les fonctions de cet objet sont intégrées à d’autres meubles plus complexes: ainsi nous avons à la fois des parois équipées avec secrétaires, surtout pour l’avoir à disposition, avec discrétion, dans le salon et, surtout dans les chambres d’adolescents, et des bibliothèques avec secrétaire intégré. Tous ces modèles ont pour caractéristique essentielle d’être des objets extensibles et, donc, gain de place. Les secrétaires modernes sont disponibles dans différents matériaux, du verre au métal, du bois aux matériaux composites, et se caractérisent par toutes les combinaisons possibles intermédiaires de matériaux et couleurs : pour cette raison, il n’est pas rare de trouver des modèles à la structure métallique sur lesquels s’appuient des surfaces en bois ou en marbre. Dans certains cas, le plan horizontal a également conservé et même réinterprété en clé moderne le revêtement en cuir ou cuir souple même s’il n’a plus la même fonction de sous-main pour rendre plus confortable l’écriture à la main que celle d’antan. Le classique secrétaire en bois est, aujourd’hui encore, fabriqué dans les formes les plus variées, du style linéaire des secrétaires scandinaves ou des années 70 aux secrétaires classiques et de style baroque, vénitien ou français, avec des moulures, marqueteries et finitions à la feuille d’or ou d’argent.
Enfin, en accessoirisant le secrétaire avec une simple chaise ou un petit fauteuil confortable, une lampe, même un lampadaire lorsque le secrétaire ne laisse pas d’espaces en plus et, enfin, l’immanquable tapis, il est possible de délimiter un coin privé et confortable vraiment unique et spécial.
Comme pour le bureau, le secrétaire a lui-aussi des références iconiques, dans l’antiquité et dans l’histoire du design industriel, à partir de l’après seconde guerre mondiale. Parmi les secrétaires les plus connus, on retrouve sans aucun doute Home Desk dessiné par Vitra en 1958 par George Nelson ou le SCRITTARELLO d’Achille Castiglioni et le Reflex Secrétaire de Vico Magistretti, tous les deux pour De Padova. L’aspect et le nom de cet objet d’ameublement sont tirés des origines du secrétaire en merisier AMANUENSE d’Adolfo Natalini pour Mirabili. Grâce à l’épuration des lignes des bureaux iconiques de Thonet, Randolf Schott a dessiné pour la marque en 2014 le secrétaire S 1200 en mettant au goût du jour les codes des meubles dédiés à l’écriture par la marque qui fut l’une des premières à produire des tables pour bureau du mouvement moderne.
Icône après icône, les expériences récentes en matière de design pour traduire dans un langage moderne l’idée du «secrétaire» du passé ont conduit à de nouveaux objets fonctionnels comme, bien sûr, la coque transformable en aluminium extrudé du Layout secrétaire de Michele De Lucchi pour Alias. Ici, comme dans d’autres exemples de la production contemporaine, l’intérieur du poste de travail s’ouvre et révèle avec un simple geste, comme un petit espace architectural « bureau » à l’intérieur de la structure de la pièce avec, en plus, l’ajout moderne des roues, qui permettent de le déplacer facilement d’une zone à l’autre de l’habitation.
Ce sont tous des exemples et des métaphores de la cohérence avec les éléments basilaires d’une image de secrétaire qui correspond parfaitement au design du futur.
L’écritoire (dont dérive le nom secrétaire), et donc le verbe «écrire», du latin «scriptorium», identifie au Moyen Âge le lieu où les manuscrits étaient copiés, c’est à dire les grands espaces au sein des anciens monastères où les moines se dévouaient au travail de manière presque exclusive. Parallèlement, l’écritoire indiquait également le meuble fixe ou la planchette portable qui servaient d’appui pour l’activité d’écriture, souvent déjà équipés des instruments nécessaires. À la Renaissance, avec l’invention de l’impression par Gutenberg, le terme écritoire indiqua de plus en plus le cabinet privé dans le palais où le seigneur se retirait, à l’écart de tout dérangement, pour étudier, lire, écrire et administrer ses biens. Il s’agissait de ce qui serait aujourd’hui le bureau comme pièce domestique ou l’espace pour le travail à la maison s’il ne consiste pas en une véritable pièce à part privée.
Étant donné les activités dans les anciens cabinets, l’ameublement était constitué, tout au plus, d’un petit plan pour l’écriture et de petites bibliothèques, la plupart des livres étant généralement conservés dans les grandes bibliothèques du château ou du palais. L’espace était assez petit, prévu pour une seule personne qui, assise à une table, pouvait ainsi s’entourer de toute le nécessaire pour lire, écrire et surtout conserver jalousement et loin des regards indiscrets la précieuse correspondance et, parfois, les objets personnels précieux, qui étaient rassemblés dans des tiroirs de différentes dimensions et, pour davantage de sécurité, étaient mis sous clé sous le plan rabattable ou derrière des portes, comme s’il s’agissait d’un meuble. Le secrétaire en tire ainsi son nom. En effet, le petit plan rabattable avait en général la double fonction de support pour l’écriture et de porte de fermeture. L’écritoire moderne peut donc être perçu de nos jours, à juste titre, comme un secrétaire.
Et cette caractéristique, de secret et de transformation à la fois, est celle qui, plus que toute autre, a déterminé la place du secrétaire comme étant celle d’un objet d’ameublement que nous retrouvons, décliné en différentes idées créatives, à la base également des écritoires modernes et dans les différentes interprétations iconiques des secrétaires de design.
